Particularité du système français, les directeurs d’école sont en même temps enseignants. Mais ils croulent sous les charges administratives depuis la fin des emplois aidés. Mercredi, à Marseille, ils ont lancé un SOS.
Un grand nombre de directeurs a le sentiment de ne plus faire correctement son travail », selon Michel Toin, directeur d’école à Istres et délégué Unsa Education.
Une situation à prendre très au sérieux, sans quoi on pourrait voir la profession s’enliser dans les difficultés. La disparition, à leurs côtés, des secrétaires administratives, qui géraient les affaires courantes et les relations aux parents, a fini de sabrer le moral des directeurs d’école. « Le problème c’est qu’il faut repenser notre fonction, prise sous la multiplication des tâches administratives, les évaluations, les outils de pilotage, la complexité de la sécurisation des écoles », déplorent-ils,invités à témoigner de leur mal-être, hier à Marseille par l’Unsa Education.
Une profession en souffrance
La fin des contrats aidés a porté un coup fatal à la profession, en souffrance depuis une dizaine d’années. « On gère les entrées et sorties comme on peut, mais bientôt il n’y aura plus personne pour ouvrir le portail, répondre au téléphone. On passe notre temps à faire des allers-retours », raconte Fanny Apothéloz-Selles. L’enseignante marseillaise gère seule depuis la rentrée 17 classes de maternelle et de primaire (350 élèves), 18 enseignants, 8 assistants de vie scolaire (AVS) pour les élèves handicapés. Et elle passe la plupart de ses mercredis et samedis à compiler des dossiers sur son lieu de travail.
« Nous sommes des enseignants avec des missions supplémentaires », lancent les directeurs d’école attachés à un métier, qu’ils assument souvent par passion. Mais 24% d’entre eux sont en burn-out et le métier n’est plus attractif. Lorsque des postes restent vacants, l’administration nomme d’office un directeur et la fonction vire à la contrainte. Pour l’Unsa, il est temps de revaloriser leur mission. Souvent en manque de reconnaissance, ils sont payés à peine 7% de plus qu’un enseignant classique.
Après l’annonce des suppressions de postes dans l’éducation, les directeurs pensent que très vite le gouvernement va devoir se heurter à la réalité. Dans les écoles, on n’a jamais été aussi près de la crise de nerf.
Photo : Catherine Walgenwitz
Catherine Walgenwitz
Article tiré de la Marseillaise le 28 septembre 2018